« La génération 70 commence à devenir grand-parents. La génération 2000 fait des enfants, et la génération 90 est ni jeune, ni vieille, juste célibataire à vie. C'est fascinant. » @Belange028, sur twiXer
Les 90 : une génération de célibataires
Divorces.
On sous-estime le poids considérable des divorces.
Le mauvais exemple, déjà. Qui est encore chaud pour fonder une famille quand il a vu ses parents se déchirer, la mère ou le père tout perdre, se retrouver seul(e) et devoir tout reconstruire à 40 ou 50 berges ?
Et puis surtout l'absence. Le plus souvent celle du père : présence structurante, rassurante, ô combien nécessaire dans la construction de l'enfant.
Mais aussi - paradoxalement - cette référence contre qui l'adolescent va pouvoir s'opposer pour s'affirmer et se construire.
Mais on n'a pas pu.
Alors on a grandi sans mûrir.
« Ça va, c'est pas la mort ! » qu'on peut entendre.
Ouais, ouais, des fois, quand le couple parental est dysfonctionnel, c'est même un soulagement pour le gosse. Mais ça, c'est l'exception, pas la règle.
Pour la majorité, c'est un déchirement, et les dégâts sont là.
Les parents de la gen Y, des millenials, c'est principalement les boomers. C’est la génération qui a le plus contribué à l’explosion des divorces, surtout dans les années 1970-1980. Oui, les divorces sont un progrès. Mieux vaut rompre plutôt que de subir une mauvaise relation. Mais il serait bon d'avoir enfin à l'esprit que tout progrès qui permet de résoudre un problème en génère toujours de nouveaux. Faut savoir anticiper, bordel !
Pendant fort longtemps, chez les prolos comme chez les nantis, la norme, c'était les mariages arrangés. Heureusement, on en est sortis (enfin, avec la régression des mœurs actuelles, on n'est pas à l'abri d'un retour...).
Et donc, en réaction, une fois que mariages et divorces sont devenus plus aisés, il a aussi émergé l'idée contradictoire que l'amour doit tout à la fois être un brasier ardent et une mer d'huile sans la moindre friction. Une pointe d'ennui, une petite dispute, et CRAC, plus de couple, on se sépare, on divorce.
Ben non, un couple, ça s'entretient, ça s'apprivoise continuellement, c'est une rencontre perpétuelle.
L'amour, c'est l'étincelle d'allumage. Et pour qu'il dure, c'est tous les jours qu'il faut mettre un coup de briquet et ramener du bois, sinon le feu meurt.
Mais ça, on ne nous l'a pas expliqué, et surtout on ne nous l'a pas montré.
Voilà pour comprendre le célibat fréquent de la gen 90.

Que des parents divorcés ces 3 amis de la gen Y
Les 90 : une génération ni jeune ni vieille
Plus que toute autre génération, les 90 sont à cheval entre deux mondes.
Dans presque toutes les maisons, il y a la télé et la console de jeu, mais internet n'est pas encore installé (ni même accessible) dans tous les foyers et le téléphone portable n'arrivera que plus tard.
On apprend à vivre selon les codes d'un monde qui va disparaître trop vite. Crise de 2008, révolution numérique, attentats islamiques ; et leurs corollaires : retour en force des intégrismes religieux, communautaires et ethniques ; tout ce qui devait avoir disparu revient à la vitesse d'un post facebook d'abruti moyen bombardé de likes. Le plus petit dénominateur commun rencontre toujours le succès, et comme la haine est plus aisée que la sympathie désintéressé...
Pour la gen 90, c'est la sanction : entrée dans l'âge adulte avortée, retour au stade adolescent. Il faut tout réapprendre, remettre son logiciel à jour, et faire de nouveau ses preuves.
Aujourd'hui, entre 30 et 40 ans, à l'âge où on doit normalement être bien installé dans sa vie, on tangue entre les reliques d'un monde crevé et les hallucinations d'un nouveau monde nébuleux qui peine à se définir.
On sentait bien que le futur ne serait plus si rose, mais parce que nos parents ont croqué leur vingtaine durant les 30 glorieuses, pour beaucoup, ils ne nous ont pas armés. Ce n'était plus nécessaire, semblait-il. Nous aurions dû nous rappeler la maxime romaine, éternellement juste, valable en tous domaines : « Si vis pacem, para bellum. » — Si tu veux la paix, prépare la guerre.
La transmission du savoir n'a pas été accomplie correctement. Et l'éducation nationale de plus en plus défaillante n'a rien arrangé. On s'est retrouvés coupés de nos racines. Notre culture et nos référents historiques, c'était le Seigneur des Anneaux et Harry Potter. Du putain d'imaginaire qui à lui seul ne permet pas de comprendre le monde dans lequel on vit.
Alors on voit une ribambelle d'adulescents qui comptent leurs premiers cheveux blancs et leurs premières rides, mais se sont retranchés dans leurs amusements d'enfance par nostalgie et peur de l'avenir - les deux allant souvent de pair.
Pokemon, Warhammer et les cartes Magic ont habité mon enfance. J'étais certain qu'ils passeraient de mode... Perdu ! ils sont plus en vogue que jamais.
Ces jeux aussi délicieux que futiles aident à occulter la notion du temps qui passe, l'idée douloureuse que rien ne sera jamais plus pareil, et que le silence règne dans la maison.
« Mariez-vous, mon ami, vous ne savez pas ce que c'est que de vivre seul, à mon âge. La solitude, aujourd'hui, m'emplit d'une angoisse horrible [...] Il est si profond et si triste, le silence de la chambre où l'on vit seul. Ce n'est pas seulement un silence autour du corps, mais un silence autour de l'âme, et quand un meuble craque, on tressaille jusqu'au cœur, car aucun bruit n'est attendu dans ce morne logis. » — Bel-Ami, de Maupassant
Voilà pour la gen 90, ni jeune ni vieille, simplement le maillon ingrat qui relie la chaîne entre deux mondes différents.
Je témoigne de ce que j'ai pu observer. Il y a bien sûr des exceptions et d'autres regards que le mien.