On dit souvent de la ponctuation qu’elle sert à découper le texte comme une musique. Elle le fait respirer et y apporte du sens. La ponctuation obéit à des règles de construction, qu’il s’agit de connaître, tout en laissant cours à une certaine liberté de s’en arranger.
Évitez cette erreur de débutant : une virgule oubliée ou mal placée, c'est une phrase dont le sens peut totalement changer. À la fin de cet article, vous saurez comment utiliser la virgule afin d'éviter qu'une phrase en apparence inoffensive ne prenne une tournure dramatique.
Parmi les écrivains en herbe, beaucoup se demandent comment placer correctement la virgule. Si vous faites bien vos devoirs, une recherche Google vous aura appris qu'elle sert à « séparer des mots, des groupes de mots ou des phrases, subordonnées ou non, qui ont la même fonction syntaxique. »
En général, on considère que la virgule sert de respiration dans une phrase longue. Elle peut éventuellement servir la musicalité de celle-ci, selon qu'on la place en tel ou tel endroit, ou qu'on l'oublie.
Il est effectivement possible de se rendre volontairement avare ou abondant de virgules — par exemple pour rendre un effet suffoquant, comme Cormac McCarthy dans La Route. Mais, n'est pas Cormac McCarthy qui veut.
L'affaire est entendue, la virgule est un élément de syntaxe essentiel. Reste à savoir où, quand et comment la placer.
Dans cet article, je vais traiter d'un cas particulier...
L'emploi de la virgule avant le nom
Vous allez rapidement constater que son emploi ou son oubli peut totalement changer le sens d'une phrase — même une phrase très courte !
En mettant la virgule, vous pouvez éviter un MEURTRE
Démonstration :
— Venez manger, Madame Castafiore.
— Venez manger Madame Castafiore.
Dans le premier cas, c'est une invitation ; dans le second cas, c'est du cannibalisme.
Ce seul exemple pourrait suffire à clore cet article, mais mieux vaut insister deux fois qu'une pour que tout soit clair.
Continuons, voulez-vous ?
Voici un second exemple :
— Venez voir, Monsieur Édouard ! »
On demande à M. Édouard de venir voir quelque chose.
— Venez voir Monsieur Édouard ! »
On demande à quelqu'un de venir voir M. Édouard (est-il souffrant ?)
Si l'on parle À la personne : virgule
Si l'on parle DE la personne : rien.
Même un maestro de l'argot comme Alphonse Boudart, qui prend de très grandes libertés avec la langue, reste irréprochable sur le placement de la ponctuation, parce qu'une liberté qui s'use au détriment de la clarté perd son intérêt.
Reprenez vos albums de bandes dessinées, si vous en avez, vous constaterez qu'elle est toujours bien en place. Dans certaines BD et livres récents, en revanche, on la perd quelquefois. Par amateurisme plus que par choix.
Les FDP de Tubonia, avec sa ponctuation aléatoire
L'exception qui confirme la règle...
Astérix : Le bouclier arverne
Il existe, comme toujours, une exception. Une exception tolérable, disons.
Ainsi, on accepte que la phrase « Bonjour tout le monde ! » — et autres salutations du même enthousiasme — puisse se passer de virgule pour n'être pas freinée dans son élan ; même si, en principe, il en faudrait une. On écrira d'ailleurs : « Bonjour, monsieur. », malgré la brieveté de cette phrase. En clair, mettez-la quand même. Merci, monsieur. Merci, madame.
En conclusion, soyez attentifs à cette bonne compagne, vos textes y gagneront en clarté et en sérieux.
Vous ne voudriez pas vous transformer en cannibale par inadvertance, n'est-ce pas ? 🤓